L’Holacracy au quotidien - Témoignage

     

“ Que pensez-vous de l'Holacracy, ce nouveau modèle organisationnel américain où la hiérarchie est supprimée et le pouvoir est dilué dans l'organisation ? ” 

 À la question posée par la revue HR Today Magazine sur son fil LinkedIn, Romain Bisseret, premier lien d’In Excelsis, apporte la réponse suivante.

“ Nous avons mis en place cette manière de fonctionner chez In Excelsis depuis quelques mois. Parmi les critiques que je lis ici (le manque d'humanité, l'absence de hiérarchie, la loi du plus fort), il y en a d'autres. Mais j'aimerais apporter un retour d'expérience.

J'avoue avoir été bousculé lors des premières réunions par le coach, qui nous invite à "rester dans le cadre" du processus, et j'ai pris ça aussi pour un manque d'humanité. En fait, ça n'a juste rien à voir, ce qui était choqué en moi était surtout le fait qu'on me dise "s'il te plaît, ne donne pas ton avis sur le problème d'un autre, occupe-toi des tiens, il s'occupe des siens, et tout ira bien". J'étais davantage habitué aux réunions où tout le monde a un avis sur tout (et surtout sur les problèmes des autres). Après 6 mois, le fait que chacun reste à sa place, quelle que soit sa fonction, est un gain de productivité énorme durant les réunions ! Ce n'est pas un manque d'humanité, et si on veut s'enguirlander ou commenter ou réagir sur certains domaines, on peut toujours le faire en dehors des réunions ; mais au moins, pendant celles-ci, on suit le process, et on peut adresser 16 points à 5 personnes (dont certains, majeurs) en 45 minutes... Je défie tout organisation classique d'en faire autant.

Concernant l'absence de hiérarchie, c'est un faux-procès ; il y a de la hiérarchie, et bien solide. Seulement ce n'est plus une hiérarchie de personne, mais de fonction. Et ça change tout. Mais que les personnes qui craignent une espèce d'anarchie organisationnelle se rassurent, il y a de l'ordre ! Et un ordre que tout un chacun est davantage enclin à respecter puisqu'il n'est pas lié à telle ou telle personne, mais à nous-mêmes et à nos rôles.

La loi du plus fort, évoquée plus haut, est tout simplement anéantie par le processus. Durant les réunions, le facilitateur (indispensable, au fait !) va chercher tout le monde, et s'assure de leur espace de parole. Et comme la hiérarchie n'est pas liée aux personnes, tout le monde se sent plus libre de parler (puisqu'il n'y a pas de chef pour tacler ensuite). La grande g... comme le timoré ont voix au chapitre.

Voilà mon retour d'expérience ; encore une fois, cela ne fait que 6 mois environ, donc c'est tout récent.

Pour finir, je pense qu'il faut expérimenter réellement l'Holacracy sur au moins un mois (quelques réunions de triage, une ou deux de gouvernance), pour vraiment comprendre ce qui s'y joue. Une compréhension purement intellectuelle de la chose n'est pas tellement possible, selon moi.